lundi 26 janvier 2009

La Suisse va-t-elle buter sur l'Europe aux prochaines votations ?

Sur le continent, la Suisse est un cas à part. Une tâche blanche sur le fond bleu de l'Union européenne (UE), farouchement attachée à son statut de pays neutre. Pourtant, le pays s'ouvre discrètement à l'Europe, par petites touches. Un pas de plus a été franchi le 12 décembre 2008, date à laquelle la Confédération helvétique a officiellement intégré l'espace Schengen. La levée des contrôles douaniers aux frontières avait été votée par référendum en 2005. Alors que la Suisse s'intègre à l'espace sans frontières européen, regroupant déjà vingt-quatre États, une nouvelle échéance arrive.

Les regards helvètes se portent aujourd'hui sur deux pays à la bordure est de l'Europe : la Roumanie et la Bulgarie. Les citoyens suisses ont rendez-vous dans les isoloirs le 8 février prochain pour se prononcer sur la reconduction d'accords bilatéraux signés en 2002. Ils concernent la libre circulation des personnes entre la Suisse et l'UE, et leur extension à la Roumanie et à la Bulgarie. Tandis que le Conseil fédéral et les cantons appellent à voter "oui", un débat nourri divise le pays.

Corbeaux noirs
L'UDC, un temps favorable, s'oppose vigoureusement au référendum. Le parti nationaliste, connu pour ses campagnes controversées, récidive. Après les "moutons noirs", l'UDC met en scène d'inquiétants corbeaux menaçant d'écharper la Suisse. Une nouvelle campagne anxiogène fondée sur l'europhobie et la peur de l'étranger, qui dénonce "la porte ouverte à tous les abus". Ces forts relents xénophobes consternent une partie de la population et ternissent sérieusement l'image du pays. "La Suisse commence à avoir une réputation de pays raciste", s'inquiète Livio Hürzeler, l'ambassadeur de Suisse à Bucarest, dans les colonnes du quotidien 24 heures.

Difficile de prévoir l'issue du scrutin. Un premier sondage commandé par SSR (Société suisse de radiodiffusion et télévision), publié le 9 janvier, donne le "oui" vainqueur à 49%, neuf points devant le "non". Le résultat s'annonce serré et les 11% d'indécis pèseront lourdement dans la balance.

Un rejet populaire des accords bilatéraux donnerait un coup de frein aux relations entre la Suisse et l'UE. La victoire du "non" conduirait à l'exclusion de l'espace Schengen. Et plus grave, il accréditerait l'idée d'une Suisse isolationniste et raciste.

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