mardi 10 février 2009

Les Suisses disent «oui», le pays fait «ouf»

C'est d'une heureuse surprise qu'ont accouché les urnes suisses, au soir du 8 février. Un «oui» nettement majoritaire au référendum, qui reconduit les accords de libre circulation avec l'Union Européenne (UE) et entérine leur extension aux travailleurs de Roumanie et de Bulgarie, volet le plus sensible.

Les observateurs et autres sondages prédisaient un résultat serré. Manqué. Avec 59,6% de voix en faveur des relations avec l'UE, les Suisses démontrent qu'on avait sous-estimé leur capacité à garder la tête froide face à la tentation du repli protectionniste, réclamé à cris par l'UDC. Malgré une participation en baisse par rapport à 2005, date du précédant référendum sur la question, vingt-deux cantons sur vingt-six se sont prononcés pour le «oui», Vaud largement en tête à plus de 70%. Le nombre de cantons défavorables passe de sept à quatre.

Le pragmatisme a primé. Loin d'une europhilie soudaine, la crainte de la «clause guillotine» semble être à l'origine du sursaut de dimanche. En cas de rejet, c'était l'ensemble des Bilatérales I - qui facilitent les échanges commerciaux entre la Suisse et l'Europe - qui tombaient. En pleine crise économique, la menace de l'exclusion de l'espace Schengen a pesé de tout son poids. Le quotidien Le Matin avance quant à lui l'effet décisif sur l'issue du vote joué par le «trio de charme» composé par les Conseillères fédérales. Micheline Calmy-Rey, Eveline Widmer-Schlumpf et Doris Leuthard ont été très actives dans la campagne médiatique pour le «oui».

200 000 Européens ont travaillé en Suisse
Si l'UDC accuse le coup de la défaite, le parti populiste d'extrême droite ne s'avoue pas vaincu. «Nous remettrons ça avec la Croatie», prévient l'un de ses membres au journal Le Temps, anticipant sur un futur élargissement de l'UE. Depuis 2002, les Bilatérales I ont permis à 200 000 Européens de venir travailler en Suisse. «On peut véritablement parler de succès», analyse un rapport commandé par les autorités fédérales.

La tempête passée, une nouvelle bataille s'annonce. L'Union européenne entend s'attaquer le plus rapidement possible à la levée du secret bancaire, marque de fabrique des banques helvétiques. «Zurich a fait un pas vers l’Union», observe Jean Quatremer de Libération , avec l'abolition des avantages fiscaux accordés aux riches étrangers.

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