Le secret bancaire suisse a été violé. L’outrage a été commis avec le consentement forcé de la victime, UBS, première banque helvétique. La discrétion immuable qui a fait la réputation du pays – autant en bien qu’en mal – vient de prendre un sérieux coup. Un événement encore impensable il y a quelques mois. Or, depuis que la crise frappe l’économie mondiale, les institutions financières ne sont plus à l’abri d’une intervention abrupte des autorités.
La justice américaine a contraint UBS à lui révéler le nom de plus de 250 de ses clients qui ont fraudé le fisc par son entremise, révèle Le Temps mercredi 18 février. La banque a également dû payer une amende de 780 millions de dollars (600 millions d’euros). L’accord a été passé au mépris de la législation suisse, sous pression de la justice américaine qui menaçait UBS d’un retrait de licence aux États-Unis.
Désormais, les Américains réclament l’identité de quelque 52 000 clients supplémentaires, soupçonnés d’évasion fiscale via des comptes secrets. UBS refuse catégoriquement, mais les faits ne plaident pas en sa faveur. Une enquête menée depuis 2001 a mis au jour une combine lucrative, montée par des cadres de la banque, ayant permis à plusieurs milliers d’Américains d’échapper à fisc. Les États-Unis réclament des comptes.
La banque est à genoux. Première touchée par les subprimes en Europe, bénéficiaire d’un plan de sauvetage et de trois recapitalisations d’urgence, UBS affiche des pertes abyssales de 19,7 milliards de francs suisses (13 milliards d’euros) pour 2008. Le numéro un de la gestion de fortune a annoncé ce mois-ci 2 000 licenciements supplémentaires, qui s’ajoutent aux 11 000 suppressions de postes effectuées depuis octobre 2007. Enfin, son patron vient d’être remplacé en catastrophe. Certains craignent même la faillite d’UBS.
Le début de la fin
Les démêlés d’UBS avec la justice américaine signent-ils pour autant le début de la fin du secret bancaire Suisse ? Rien ne l’indique pour le moment, même si la place financière helvétique est ébranlée. « Le secret bancaire reste intact », a rassuré le ministre des finances Hanz-Rudolf Merz.
Le milieu politique s’interroge désormais sur la stratégie à mettre en œuvre pour protéger le secret bancaire, qu’il n’est pas prêt d’abandonner. Le Conseil fédéral vient de mettre en place une délégation. Cependant, les autorités semblent avancer vers davantage de coopération. Un pas forcé avait été fait l’été dernier, quand la Suisse avait signé un accord d’entraide administrative avec les USA dans l’affaire Birkenfeld.
L’Europe n’est pas en reste et entend bien s’engouffrer dans la brèche. La guerre déclarée voilà près d’un an par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel fait cause commune. L’Union Européenne veut sanctionner les paradis fiscaux à ses portes, et vise notamment le Luxembourg et la Suisse. L’affaire UBS ne fait que raviver les pressions de Bruxelles. On annonce déjà le prochain G20 du 2 avril comme une date clé dans la lutte contre les paradis fiscaux et autres secrets bancaires. « Une frêle menace », analyse cependant Jean-François Couvrat sur son blog. Affaire à suivre.
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Certes,l'UBS a mal agit. Concernant les paradis fiscaux, l'Union européenne et les Etats-Unis devraient balayer devant leur porte : Que dire de l'Autriche et du Luxembourg ? Du Delaware aux Etats-Unis ?
RépondreSupprimerLe problème de la Suisse dans ce dossier est double :
1/ Elle ne fait pas partie de l'Union européenne
2/ Elle ne fait pas le poids, sur le plan politique, face aux USA et à l'UE.
Sans quoi, elle aurait pu les inviter à la table des négociation et dire : "ok les amis, nous arrêtons tout ceci, mais faites de même !".
http://travailler-en-suisse.blogspot.com/2009/02/le-secret-bancaire-suisse-seule.html