L'Union européenne fait le siège de la place forte bancaire suisse, résolue à infléchir son fameux secret. Le sommet du G20 de Londres, le 2 avril, a des chances d'être le théâtre d'une bataille acharnée, voire de l'assaut final contre les systèmes bancaires marginaux d'Europe.
La Suisse n'entend pas pour autant se laisser discréditer sans réagir, d'où le coup de semonce de Micheline Calmy-Rey lors de son récent passage à Paris. « La Suisse n'est pas un paradis fiscal, pas un État voyou, pas un État non coopératif », a tonné la chef de la diplomatie, mercredi 17 mars. La conseillère fédérale s'est indignée de la présence hypothétique de la Suisse sur la liste noire des paradis fiscaux de l'OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économiques).
D'autant que la Confédération helvétique fait d'importantes concessions pour rentrer dans le rang. Elle a annoncé en même temps que la Belgique, l'Autriche, le Luxembourg et Andorre un assouplissement du secret bancaire, pour se plier aux critères de l'OCDE dans l'échange d'informations fiscales avec les pays étrangers. Le secret ne sera plus seulement levé en matière de fraude fiscale, mais aussi dans les cas de simples évasions à l'impôt (article 26 alinéa 2). La suppression de la distinction entre fraude et évasion fait planer la menace de poursuites pour de nombreux clients étrangers des banques suisses.
Relations dégradées
Paris en a profité pour s'engouffrer dans la brèche. La France a gelé la ratification de la convention fiscale, signée entre les deux pays en janvier, tant que la Suisse n'aura pas ajouté le critère de l'OCDE dans le texte. Le ministre du budget français Eric Woerth escompte le retour de plusieurs milliards d'euros à l'abri en Suisse. Les relations germano-suisses sont pires. Le ministre allemand des finances, Peer Steinbrück, a récemment mis le feu aux poudres après avoir comparé le pays à des « Indiens qui fuient devant la cavalerie ». En réponse, ce dernier s'est vu assimilé à un nazi par un député suisse et aurait reçu des lettres de menace.
Cependant, le rendez-vous du G20 pourrait être moins disputé que prévu. Les dirigeants du l'Union européenne ont assuré, vendredi 20 mars, que la Suisse, l'Autriche et le Luxembourg ne figureraient pas sur la liste noire de l'OCDE. La pression va-t-elle se relâcher pour autant ? Réponse le 2 avril.
Crédit Photo : World Economic Forum
vendredi 20 mars 2009
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